Psilocybine

Je possède un Canon EOS-450D pourvu d'un objectif EF-S 18-55mm f/3,5-5,6 IS.

L'objectif. L'appareil photo. Voilà une des raisons pour lesquelles je vis. A-travers lui je ressens le bonheur des personnes qui sont de l'autre côté de l'appareil et je m'imprègne de leurs émotions apparentes. Il y a de tout. Si je trouvais cette personne me ressemblant et tout à la fois, qui est le contraire de mon être, je la photographierai sans cesse. Je photographierai son corps, ses formes, son visage, les traits de son visage, son humeur, son sourire et ses pleurs, je serai là à chaque moment et à chaque instant je le capturerai. Je l'aurais, là, devant les yeux. La lumière et l'ombre. Le geste de tes bras et la façon dont tu te tiens et comment tu ris et comment tu pleures, comment tu me souris. Il y a l'Art auquel l'on s'adonne, il nous transporte vers d'autres quais et d'autres visages, il m'emporte ailleurs, dans cette boîte où l'image est stockée et là où elle est née. J'ai l'envie de produire davantage de clichés qui me font croire et me rassurent que le monde peut être beau ou de transformer la laideur du monde en une beauté indescriptible. De faire de la souffrance quelque chose de merveilleux, que l'on admire, que l'on dise c'est sublime, la souffrance. Donner à des scènes la chose qui fait ce je-ne-sais-quoi, qui fait qu'il y a la petite chose, le petit truc, le boum au coeur. Lui ajouter un ton mystérieux et un goût glauque. Lui donner, parfois, d'autres horizons comme la beauté de la joie, tout simplement. Capturer l'instant présent pour que jamais il ne meurt. Pour que jamais il ne s'écrase. Il restera toujours là dans ma mémoire et c'est cela qui fait que je vis, pour une passion, mon petit faible, mon penchant, mon ardeur, mon trouble. Mettre en scène un ou plusieurs personnages qui font telle ou telle chose, dans l'optique de quelque chose d'original, qui veut faire passer un message implicitement. Des sentiments étranges, glauques, mélancoliques, nostalgiques, sombres, réalistes. Afficher au monde l'intérieur des gens, leurs plus profonds secrets, leurs chagrins et leurs peurs. Afficher au monde l'extérieur des gens, leurs sourires, leurs rires, leurs façons d'agir. Tout cela cache quelque chose et j'aime percer indirectement ces choses là, agréables et douces, ravissantes. C'est un Art. Je m'évade à travers lui et je m'exalte devant une photographie, si évidemment elle me plaît. Pour moi, quelque chose d'anodin peut prendre un caractère original et plaisant. La nature s'associe à mes sentiments, je m'invente un monde, un ailleurs par celle-ci, je trouve le ciel et ses aléas extraordinaires et je le photographie presque tout le temps si son humeur me séduit. Il y a quelque chose d'inexplicable dans cette pratique et dans les sujets. Et c'est pour cela que je me laisse guider par le désir de photographier. Avoir des traces du temps qui passe et qui lasse tout en s'extasiant.